Bonjour à
tous,

Depuis que je fais partie de ce qu'on
appelle communément la « blogosphère » (que
j'étendrais même à la beautysphère), je suis complexée.
Complexée par ma vie normale. Je n'ai pourtant pas à rougir de mon
parcours. J'ai 24 ans, je suis kiné, je suis en couple depuis 5 ans
et tout va très bien. Pourtant, j'ai parfois presque envie de
m'excuser d'être celle que je suis.
Entrer dans la « beautysphère »,
c'est entrer dans un monde de concurrence, un monde de popularité,
où seul compte le nombre de followers que l'on peut avoir.
C'est devenu une compétition pour ainsi dire. Tout le
monde n'est pas comme ça, évidemment, mais c'est un phénomène
beaucoup plus étendu que je ne l'aurais pensé. Liketolike, demande
d'échanges, ou fayotage, les techniques de ces personnes rivalisent
d'ingéniosité.
Mais, c'est aussi entrer dans un monde
de blogs à l'allure parfaite et aux photos de plus en plus soignées.
Tellement soignées en fait qu'elles en deviennent presque
dérangeantes. Les appartements au style scandinave, les fameux
gobelets starbucks, la tasse de thé fumant, la nouvelle palette de
maquillage sur son éternel fond blanc aseptisé, la nourriture à
base de graines complètement improbables et les éternelles salades
qui vont avec... Tout ça se répète inlassablement, jour après
jour sur mon fil d'actualité. N'avez vous jamais remarqué que
toutes les photos se ressemblent ? Que nous perdons complètement
notre singularité ?
Je n'ai pas peur de dire que j'ai
essayé de faire la même chose, je voulais me fondre dans la masse,
faire partie de ce monde. Puis j'ai compris que j'étais en train de
me formater. Cacher les pièces à la déco horrible chez moi, cacher
le jambon-pates du dimanche soir parce que ce n'est pas healthy,
cacher aussi que je n'avais simplement pas assez d'argent pour
m'acheter les dernières palettes à la mode. J'ai compris que puisque je n'étais pas parfaite, mon blog ou les images de
ma vie doivent me correspondre. Ainsi, mon blog, mon
Instagram ou simplement mon univers me ressemblent, aussi imparfaits que
moi.
En fin de compte, je ne peux m'empêcher
de me demander si nous cherchons à être des vitrines humaines ou si nous cherchons simplement une approbation de nos lecteurs pour nous
sentir mieux avec nous-mêmes.

Personnellement, ça me choque un peu.
Parce que ne nous méprenons pas, j'aime le maquillage, je me
passionne pour la cuisine. Mais ce n'est pas le but ultime de ma vie.
Hier, une copine de la blogo m'a envoyé la vidéo d'une jeune
youtubeuse d'environ 10 ans qui se maquillait comme une femme de 25
ans. Ma première réaction a été de blâmer les parents. Puis j'ai
réfléchis. Et je crois que lorsque nous exposons une vie qui semble
parfaite, sans aucun soucis, on véhicule l'image d'une vie de rêve.
La médiatisation que l'on a choisi nous met toutes face à nos
responsabilités vis à vis de nos lecteurs, followers... J'ai reçu
un mail anodin il y a environ deux semaines commençant par « Chers
influenceurs du web ». « influenceurs »... Je ne
vous cache pas que ce mot m'a fait frémir. Mais ils ont tout à fait
raison d'utiliser ce terme. A mon petit niveau, je n'influence, à
mon avis, personne. Mais chaque image, chaque phrase que nous
publions, restent susceptibles d'influencer chacun de nos lecteurs,
parfois même très jeunes. Si des enfants de 10 ans cherchent à s'exposer sur internet ou à se maquiller comme nous le faisons, c'est parce que nous les y avons poussé. En effet, si notre vie semble parfaite en tout point, alors peut-être qu'en faisant tout comme nous, leurs problèmes disparaîtront, de même que leurs souffrances ou simplement la banalité de leurs vies.
A ma petite échelle, j'avais envie de vous faire tous réagir, au moins un peu, pour qu'on arrête enfin de complexer devant des quotidiens qui n'en sont pas vraiment ! Alors, j'ai envie de lancer un défi à
chaque personne qui lira cet article. Et si nous partagions tous un
instant de nos vies, un instant réel, sans retouche. Quelque chose
dont on n'est pas particulièrement fiers, sans nous embellir et sans
tricher. Soyons honnêtes pour une fois. La vérité toute nue.
A très vite
les amis !